Le groupe local EELV de Boulogne-Billancourt fait les observations et propositions suivantes :
L’île Seguin est un des éléments phares du paysage du méandre de la Seine le long des coteaux de Sèvres et de Meudon. Elle doit retrouver sa vocation naturelle : une île verte sans voiture pour l’ensemble des Boulonnaises et des Boulonnais et habitants du Val de Seine, leur permettant de s’aérer, se divertir, se cultiver et admirer simultanément les paysages des deux rives, plaine du Trapèze et coteaux. Nous sommes favorables au développement d’un pôle culturel, à partir du moment où la dimension arborée et paysagère de l’île reste prépondérante.
L’enquête publique porte sur la déclaration de projet emportant mise en compatibilité du PLU concernant la pointe amont de l’île Seguin, dont le projet dénommé R4. A ce sujet nous formulons trois remarques :
- D’un point de vue urbanistique, il paraît étrange de demander à la population de se prononcer sur une partie seulement de l’île, alors que sa programmation doit être pensée comme un tout.
- Le projet R4, contrairement à celui de la Cité musicale, est un projet privé. Même s’il a une résonance culturelle, on peut s’étonner du fait que sa programmation reste floue, voire totalement libre, en particulier pour le lot S16 : bureaux et/ou hébergement et/ou activités. Légitimement, on peut s’interroger sur la pertinence de ces droits à construire qui seront développés par un opérateur privé. Sans mise en concurrence, comment justifier que la pointe amont ait été valorisée à son juste prix ? et que l’intérêt général soit préservé ?
- Enfin, nous soulignons le fait que si l’opérateur privé devait faire défaut, tout serait à redéfinir. Quelles sont les assurances prises par la Ville et son aménageur pour que les paiements soient correctement effectués ?
Nous pensons que cette densité est aussi aberrante d’un point de vue économique et financier. Un argument développé par le Maire pour justifier la densité et la programmation consiste à dire qu’il faut équilibrer les comptes, malheureusement jamais présentés à la population, et qu’il faut impérativement augmenter les recettes par l’accroissement des droits à construire qui seront revendus aux promoteurs, notamment les m2 de bureaux. L’impression donnée est celle d’une fuite en avant, pour repousser la vérité du bilan d’aménagement global (y compris du Trapèze). Cela nous amène aux considérations suivantes :
- Pour vendre un m2 de droit à construire à tiers extérieur, il faut qu’il soit « aménagé » et cela nécessite des investissements lourds en infrastructure (assainissement, voiries et accès, sécurité incendie …) qui vont renchérir les dépenses du bilan d’aménagement. Est-il pertinent d’équiper l’Ile Seguin avec de tels travaux engendrant très probablement des surcoûts liés à sa situation insulaire ?
- Est-on si sûr de trouver des preneurs au bon prix ? les marchés immobiliers se sont dégradés et le parc des bureaux vacants ne cesse d’augmenter. Est-ce que ce risque « marché » est pris en compte dans le bilan d’aménagement ?
- Le bon sens indique qu’au lieu d’augmenter d’hypothétiques recettes (résultant d’éventuelles ventes de droits à construire), il vaut mieux baisser les dépenses d’aménagement (études et travaux) qui elles sont réelles. C’est ce que nous proposons avec une autre programmation beaucoup moins onéreuse et ô combien plus harmonieuse: celle d’un parc arboré de 7 Ha entre les pointes culturelles aval et amont, avec des équipements légers de détente et de loisirs accessibles à tous. Ceci permettrait de retrouver la cohérence avec le SCOT des coteaux du Val de Seine, qui indique une étoile verte sur l’île Seguin pour y créer un parc et jardin. Et nous proposons, pour alléger encore plus le bilan, que ce parc, équipement écologique majeur, soit financé par un PUP (projet urbain partenarial) par l’ensemble des opérations immobilières privées sur tout le territoire de la commune.
Enfin, nous posons la question de la démocratie puisque à plusieurs reprises, dans les documents de l’enquête publique, il est fait référence à un vote des habitants ayant choisi à 41,41% le projet 2 de l’architecte Nouvel. Nous ne mettons pas en cause l’idée d’une concertation, bien au contraire. Mais la concertation était totalement biaisée par la question, puisqu’il était donné aux habitants de choisir entre une solution Nouvel, une autre solution Nouvel et enfin une solution Nouvel ! Il n’est pas certain que les réponses aient été les mêmes si on avait donné la possibilité de choisir entre une île « béton » et une île « verte ».